Les végétariens plus empathiques que les omnivores?
Lorsqu’on décide de remplacer notre steak par une alimentation végétale et sans souffrance, on se fait parfois reprocher d’être trop sensible ou accuser d’humaniser les animaux. Les gens vont souvent même jusqu’à nous accuser de privilégier la cause des animaux au dépriment de notre propre espèce . Qui n’a pas déjà entendu la phrase : » Tu devrais t’occuper davantage des enfants pauvres qui meurent de faim dans le monde plutôt que de penser à ces simples animaux! » Ce genre de discours me fait chaque fois sursauter par son insignifiance. Comme si le fait d’aider les animaux diminuait l’empathie que nous pouvons ressentir pour une autre cause/espèce!
Les bénévoles pour la cause du cancer ne se feraient pourtant jamais dire « Voyons donc! Pourquoi aider les cancéreux alors qu’il y a tellement d’itinérants en détresse dans les rues! À quoi tu penses!? »
Les personnes qui tentent de discréditer le militantisme animal en se servant de la souffrance humaine comme argument sont pour la grande majorité, des adeptes du « Je-me-moi » qui ne font rien d’autre que de se regarder pousser les ongles.
Personnellement, j’ai toujours cru qu’on a un cœur ou qu’on n’en a pas. Mon cœur ne se sépare pas en sections et ma compassion ne sera jamais conditionnelle au fait que vous ayez des poils, des plumes ou de la chair humaine. Je suis une personne de nature profondément empathique, que ce soit pour une vieille dame dans le besoin, un enfant pauvre intimidé ou un animal maltraité. Bien que je sois persuadée que l’empathie est un trait commun à tous les végétariens éthiques, je me suis déjà demandé si le fait d’adopter un mode de vie sans cruauté faisait de nous des personnes plus empathiques que nos congénères qui eux, choisissent de manger des animaux?
J’ai récemment écouté une émission radiophonique* traitant du projet de loi sur le statut des animaux à qui on reconnaîtrait enfin une sensibilité en leur enlevant la grossière étiquette de »biens meubles ». Certains étaient scandalisés que ce projet de loi devance celui sur le bien-être de nos ainés (ce qui n’a rien d’étonnant lorsqu’on sait que l’homme a été programmé à croire que l’animal est inférieur à lui et doit donc passer deuxième).
Lors de cette émission, j’ai eu la chance d’entendre Martin Gilbert, Docteur en philosophie morale, chargé de cours à l’université de Montréal, co-auteur du manifeste: « Les animaux ne sont pas des choses » et auteur du livre: « L’imagination en morale ».
Martin a parlé d’une étude comparative fort intéressante sur l’empathie chez les végétariens/vegans versus les omnivores. Cette étude démontre clairement que celle-ci est davantage prononcée chez les sujets végétariens/vegans lorsqu’on leur projette des images de cruauté humaine ou animale que chez leurs semblables omnivores à qui ont a montré les mêmes images. Cette étude tendrait à briser le mythe du végétarien sensible seulement au sort des animaux et soutiendrait l’idée que le végétarien peut être tout autant empathique à la détresse humaine.
Je vous invite à lire cette étude captivante et à la partager à ceux qui vous feront la morale sur votre empathie mal placée 😉
*L’entretien radio: http://ici.radio-canada.ca/emissions/Quebec_12-30/2014-2015/archives.asp?date=2015-01-20
L’étude en question : http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0010847
Martin Gibert prépare justement un livre qui va vulgariser les questions de psychologie morale et de véganisme. En librairie ce printemps
Génial !! Vraiment hâte de lire ça
Je le pense aussi, même si je ne remets pas en cause la sensibilité ou l’empathie des omnivores (on ne nait pas tous végéta*iens, il faut bien une dose d’empathie préalable pour passer de l’un à l’autre). Par contre le jour où j’ai réalisé que j’avais vécu 36 ans sans me poser de question du bien-fondé de notre éducation basée sur une « supériorité évidente », je me suis pris une gifle. J’ai vu le monde par le côté sombre.
On dit que les végéta*iens sont sujet au suicide et ça peut prendre son sens : empathie / haute sensibilité + une vision d’un monde insoutenable + sentiment de justice incomprise, d’impuissance, ça peut provoquer des dégâts selon les sujets.
Sinon, quand on me parle des humains qu’on n’aide pas, ça me dérange beaucoup et je réponds que ma démarche est globale : ne pas manger d’êtres humains « animal », c’est à la fois manifester mon désaccord avec leur exploitation « industrielle » où ils ne sont plus que chair, contre les lobbies qui pourrissent la Terre pour leur bénéfice, épargnant rien n’y personne, engendrant la pollution chez nous et dans les pays (exploitation de leurs terres) et par là même provoquent les maladies qui tuent les êtres humains. Je ne sais pas si je suis claire à cette heure tardive. Justement j’en parle ici : http://lachaisevegane.canalblog.com/archives/2015/02/23/31584451.html
Bonne soirée !
shirleyzepap recently posted…La photo qui m’énerve deux fois
Effectivement, je pense que l’empathie pour les animaux et l’impuissance que tu décris amènent souvent une détresse pour les plus sensibles d’entre nous. Merci pour ton commentaire et félicitation pour ton blog, il est très intéressant
Bonsoir,
Je ne suis pas sûr qu’on puisse ainsi chercher l’empathie sous le scalpel. En revanche, je crois comme vous – je suis même absolument sûr – que la compassion ne se coupe pas en tranches, qu’elle n’a nulle raison de s’arrêter aux êtres humains, et que ceux qui raisonnent ainsi ne font que cacher leur « dissonance cognitive » (https://thefruitmachine.wordpress.com/2014/10/23/dissonance-cognitive-et-paradoxe-de-la-viande/).
Merci.